Aujourd’hui, c’est un autre vrai sujet qui fait l’actualité. Contre l’oukase du président de la République, se refusant à toute remise en cause du « bouclier fiscal », la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée a approuvé le principe d’un amendement instaurant une contribution exceptionnelle des ménages les plus aisés à la solidarité nationale. Il est vrai que ce « bouclier fiscal », qui se traduit par un remboursement de l’Etat à quelque 850 ménages d’un montant moyen de 370 000 euros, devient indéfendable alors que le chômage partiel se propage comme une traînée de poudre. Mais là encore, on pourra sans doute compter sur la discipline majoritaire qui règne au sein du groupe UMP pour rétablir l’ordre présidentiel…

Nicolas Sarkozy déclare : « Je n’ai jamais été élu pour augmenter les impôts ». Il aurait dû ajouter « des milliardaires ». Car la majorité a quand même créée depuis 2007 une dizaine de taxe qui touchent de plein fouet les classes moyennes, alors que les largesses en faveur des plus hauts revenus et patrimoines se multiplient, au risque d’encourir l’accusation de « politique de classe ». Quelle absence de bon sens, de sens élémentaire de toute justice, particulièrement en ces temps de crise ! Alors que les licenciements se succèdent en cascade, il va de soi qu’il faut partager l’effort. Il est donc indécent de laisser les plus aisés à l’abri, pire de leur reverser des sommes importantes.

D’ailleurs, l’argument invoqué par le président de la République ne tient pas : ce qui pouvait être vrai en circonstances normales, ne l’est plus, bien évidemment, alors que le contexte a changé du tout au tout. Et puis, comment ne pas ressentir un malaise face à un Nicolas Sarkozy qui, d’une part, s’arc-boute, au nom de ses promesses de campagne, sur les avantages accordés à ceux qui en ont le moins besoin, et de l’autre s’empresse de prendre des mesures, comme le retour dans l’OTAN, qu’il s’était bien gardé de dévoiler au peuple français au printemps 2007 ? Un deux poids deux mesures qui, dans ce climat de colère sociale montante, risque de crever tous les plafonds de l’insupportable…

Il faut donc, à tout le moins, suspendre le bouclier fiscal pour un an – reconductible selon l’évolution de la crise. Mais que cela n’empêche pas d’engager dans le même mouvement une vraie réforme fiscale établissant un peu de justice. A cet égard, pourquoi ne pas supprimer du calcul de l’ISF la résidence principale, tout en augmentant, comme le projette Barack Obama aux Etats-Unis et Gordon Brown en Grande-Bretagne, la tranche la plus élevée de l’impôt sur le revenu ?

D’une manière générale, en discutant ces derniers jours sur les bancs de l’Assemblée Nationale, j’ai pu constater que les parlementaires sont nombreux à s’étonner de cette myopie gouvernementale. La colère monte dans le pays, les injustices sont criantes et les ministres semblent hors du temps. Il serait malvenu, pour ne pas dire dangereux, d’ajouter à la scandaleuse provocation lancée aujourd’hui par le MEDEF contre les syndicats, une politique de complaisance vers les plus riches, teintée de morgue envers tous les autres. Oui, il est temps d’arrêter cette irresponsabilité qui consiste à jouer avec la patience des Français.

NDA